Kocher-Pouyanné-Ghosn, trio gagnant du leadership digital

Spécialiste de la stratégie numérique, l'agence Angie a décidé de dépasser la seule mesure de l'influence des patrons sur les réseaux sociaux pour se pencher sur leur « leadership digital ». Dans ce champ encore peu expérimenté, il s'agissait d'« explorer la façon dont les dirigeants mettent le numérique au service de leur projet », expliquent les auteurs de cette première enquête intitulée « Leadership digital ». « Nous avons cherché les patrons actifs sur les réseaux sociaux au sein de l'économie française et internationale, dans tous les secteurs d'activité, les grandes marques, le privé, le public, puis constitué un échantillon de 120 dirigeants réunissant nos critères », précisent-ils. Pour évaluer ces leaders et traduire leur autorité et leur charisme, en tenant compte des différentes dimensions de ce leadership, les experts d'Angie ont retenu et croisé quatre indicateurs : l'attractivité, l'audience, l'activité, et l'engagement, sur Wikipédia, Twitter et Linkedin.

Bilan chiffré : vingt PDG du CAC40 sont actifs sur Twitter ou LinkedIn. 120 dirigeants de grandes entreprises françaises privées ou publiques communiquent en ligne. « Dans le même temps, la confiance dans les CEO a augmenté de 6 points, selon le baromètre Edelman Trust 2018 », notent les auteurs de l'étude qui n'y voient pas qu'une coïncidence. A une époque où le silence n'est plus d'or et peut nourrir la suspicion, les dirigeants qui acceptent de s'exposer et de se livrer créeraient donc les conditions de la confiance.

Un million d'abonnés sur LinkedIn…

Elle n'ajoutera pas présidente à son titre de directrice générale d'Engie, mais c'est bien Isabelle Kocher qui prend la tête de ce premier palmarès. Arrivée sur les réseaux sociaux en janvier 2017, elle « y a aussi bien exprimé sa vision des enjeux du secteur de l'énergie que raconté l'actualité et la transformation de son entreprise », expliquent les auteurs du rapport en soulignant que la dirigeante fut beaucoup sous les feux de l'actualité l'année dernière. Elle obtient 54 points sur un total possible de 100, avec une note de 4 sur 5 pour son activité sur Twitter. 

C'est davantage que Patrick Pouyanné, le PDG de Total, qui cumule également 54 points. « Lui s'inscrit résolument dans la tradition communicante de son prédécesseur », Christophe de Margerie. Et « il fait partie des premiers grands patrons à faire de LinkedIn un levier de son leadership ». Il y réunit une communauté de près de 100.000 abonnés.

En troisième position, Carlos Ghosn affiche 53 points. Le PDG de Renault aurait sans doute dominé le classement s'il avait davantage pris la parole l'année dernière, note les experts. Il n'en reste pas moins que l'hyperpatron compte près d'un million d'abonnés sur Linkedin, après avoir été dans les tout premiers à rejoindre le programme influenceurs du réseau.

Le Top 20 du palmarès balaie un large panel de dirigeants d'entreprises privées, attendus, comme Emmanuel Faber, PDG de Danone, classé quatrième, ou Michel-Edouard Leclerc, président du groupement E. Leclerc, qui avait ouvert un blog dès le début des années 2000. Mais il faut aussi noter la présence d'un dirigeant de business school : Loïck Roche, directeur général de Grenoble Ecole de Management (GEM). « Hyperactif sur les questions de management, d'enseignement et sur l'actualité de son établissement », il se classe ainsi au dix-neuvième rang avec 35 points, juste derrière Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour.