« Les sujets people sont très souvent oubliés des conseils… » - Shutterstock
Tendance Les spécialistes des ressources humaines restent rares dans les conseils d'administration. Mais leur place grandissante dans les comex leur donne toutefois une nouvelle légitimité. A condition d'adopter la bonne posture.
En dépit de l'influence grandissante des comités des nominations et des rémunérations, les DRH restent peu nombreux dans les conseils d'administration. « On s'est beaucoup posé la question de leur présence lorsque les boards se sont ouverts aux femmes, témoigne Caroline Golenko, partner du cabinet Boyden. Les femmes DRH étant nombreuses, il y aurait pu avoir un appel d'air parce que dès que l'on évoque un sujet stratégique, on parle humain. » Cependant, note Anne Navez, consultante en gouvernance et fondatrice de Votre-administrateur.com, « les sujets people sont très souvent oubliés des conseils… »
L'heure du changement est pourtant peut-être venue. Dans le contexte de mutations qui touchent les entreprises, « les DRH prennent déjà une nouvelle place au sein des comités exécutifs », observe Véronique de Pompignan, directeur associée de Boyden. « Les ressources humaines sont au coeur de la stratégie de transformation et une nouvelle population de DRH est en train d'émerger, qui va légitimement trouver sa place dans les boards », assure la chasseuse de têtes.
Avec son profil d'experte dans des environnements variés, Agnès Bureau-Mirat n'avait jamais eu l'occasion d'approcher un conseil d'administration avant que les dirigeants du groupe Elior, dont elle était DRH, ne l'invitent à rejoindre celui de la fondation maison. Membre du comité exécutif, elle se voit aussi proposer de rejoindre le board d'une société commune ou joint-venture stratégique. « A ce moment-là, j 'ai acquis la conviction de la légitimité de la présence d'un DRH dans l'instance », explique-t-elle. Les projets de rapprochement d'entreprises sont formidables mais, au fond, la question récurrente « est de savoir si les hommes vont se comprendre, si les équipes vont pouvoir travailler ensemble et si les organisations et leurs culture respectives sont compatibles », témoigne celle qui est aujourd'hui senior business adviser du cabinet de management de transition X-PM. Autant de questions auxquelles le conseil d'administration accorde peu de temps alors qu'ils sont extrêmement importants.
La faible présence des DRH au sein des instances de contrôle tient peut-être aussi à un autre facteur : « D ans les pays anglo-saxons, les DRH sont plus visibles. Ils ont tendance à se considérer comme faisant partie du corps des dirigeants, et donc à être davantage moteur pour obtenir des mandats d'administrateur », note Caroline Golenko. Administratrice certifiée à Paris et à Londres, Agnès Bureau-Mirat a rejoint, en mai, le conseil d'administration de Parrot, et son comité des nominations et des rémunérations. Le PDG Henri Seydoux, et le président du comité Geoffroy Roux de Bézieux ne cherchaient pas un DRH, précise-t-elle, mais un administrateur. « Il faut dépasser son domaine d'expertise, assure-t-elle. Passer de l'expert au pair. » D'ailleurs, ce n'est pas tant son expérience de DRH qui a intéressé Henri Seydoux que sa connaissance du secteur automobile, au sein duquel Parrot s'apprêtait à boucler un partenariat.
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