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Les réseaux sociaux d'entreprise à la peine

Seuls 25 % des managers, et une proportion encore moindre des autres salariés, utiliseraient ces outils.

Selon une étude Lecko-OpinionWay , 58 % des grandes entreprises disposaient en 2016 d'un réseau social d'entreprise, et 26 % envisageaient de s'en équiper sous peu. L'outil permet au collaborateur de créer son profil, d'échanger avec ses collègues abonnés et de prendre part à des groupes virtuels. Le tout, en toute confidentialité et sans relation hiérarchique. De leur côté, les entreprises adeptes espèrent transformer une organisation hiérarchique en écosystème collaboratif, pour renouveler la performance et l'engagement des salariés.

Crainte d'être surveillé

Mais le taux d'utilisation de ces réseaux internes ne décolle pas. Seuls 25 % des managers, et une proportion encore moindre des autres salariés, les utilisent vraiment, selon la récente étude de Jean Pralong. Le directeur de la chaire intelligence RH & RSE à l'IGS-RH à Paris dresse une typologie de ces utilisateurs : 17 % sont des « adopteurs » et 6 % des « tactiques » qui répondent juste à un effet de mode. On note aussi 29 % de « réfractaires » qui craignent d'être jugés ou surveillés par leur hiérarchie, et 48 % de « passifs ».

En réalité, « les réseaux sociaux d'entreprise se superposent aux canaux hiérarchiques existants », analyse Jean Pralong. Les salariés redoutent l'empilement des modes de communication. A cela s'ajoutent une défiance quant à la qualité des informations qui circulent sur ces sites, et la crainte de se montrer déloyal en contribuant à des groupes créés par d'autres managers que le sien et éventuellement concurrents. Certains collaborateurs enfin, « redoutent une évaluation latente de la qualité ou de la quantité de leurs contributions ».

Le community manager, clef du succès ?

Thomas Fauré, expert numérique et fondateur de Whaller, souligne quant à lui l'inadaptation des réseaux sociaux d'entreprise répandus sur le marché : Yammer,  Workplace by Facebook … « Ces plates-formes copient les réseaux sociaux classiques, dont le modèle repose sur la captation d'attention. En entreprise, l'objectif est au contraire de faire gagner du temps aux collaborateurs ! »

Autre inconvénient : un réseau social coûte cher, environ 5 euros par salarié et par mois. Or, « sans l'avoir inscrit dans le projet social ou stratégique de l'entreprise, il ne se révélera guère utile », prévient à son tour Virgile Lungu, consultant en systèmes d'information et auteur de l'ouvrage « Réseau social d'entreprise » (Gereso éditions). La présence d'un community manager serait une clef du succès. « Il faut un maître du jeu bien formé, pour prendre la main sur les discussions qui fusent, orienter les collaborateurs, exploiter et valoriser pour l'entreprise la masse des informations. » Inutile enfin d'imposer à des centaines de salariés chafouins un outil collaboratif, estime Thomas Fauré. « La meilleure façon d'implanter une plate-forme numérique dans un groupe est de commencer par de petites équipes volontaires. »

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