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VIE AU BUREAU - Le Top 5 des mauvaises manières au bureau

Les Echos du 20 décembre 2012/ Par Marie-Sophie Ramspacher et Florian Dèbes

Si on n'a plus le temps, c'est qu'on a trop de charge pour pas assez de ressources ; on n'a pas assez de ressources car on les a réduites pour réduire les coûts. Comment inverser la tendance ? voilà un bon problème de CM2...

 Le manque de savoir-vivre n'est pas l'apanage des clients de La Poste, de la SNCF ou des services publics. Les mauvaises manières et incivilités sont aujourd'hui fréquentes au bureau quels que soient les secteurs d’activité. Florilège des petits coups bas entre collègues.

1) Les sonneries répétées des portables

Le portable de votre collègue émet des sons incongrus régulièrement : textos,emails,message vocal,sonnerie... à chaque fois vous relevez la tête ! Chaque jour,son voisin de bureau fait sonner son portable pour qu'il lui rappelle d'envoyer son rapport quotidien à la direction. Et régulièrement,son smartphone vibre contre le bureau pendant des heures alors qu'il est parti en réunion. Encore,sa mère veut l'inviter à déjeuner le prochain dimanche...

2) Les conversations perso et très privées à haute voix

Votre collègue raconte tous les lundis sa sortie avec ses copines et son déjeuner chez ses parents. Tout y passe,les bonnes notes de sa nièce,les aventures de sa belle-sœur,les rhumatismes de son père et la recette du gâteau de sa mère...

3) La consultation du smartphone en réunion

La réunion est longue,vous tentez de maintenir l'attention de tout le monde,même celle de ce jeune loup qui tapote,discrètement croît-il,sur son smartphone dont l'abonnement est payé par l'entreprise. Tour à tour,son visage sourit,s'interroge et s'illumine. Fin de la réunion,il se lève et passe un coup de fil...

4) L’abondance de mails tous intitulés URGENT

La facture à émettre pour dans trois jours ? URGENT. L'invitation à la réunion de demain ? URGENT. Une demande de stage ? URGENT. Et trier sa boite mail ? Fastidieux. Mais très urgent.

5) L’indifférence entre voisins de bureau

Il passe devant vous chaque jour pour se rendre à la machine à café. Vous ne connaissez pas son nom,il ne vous a jamais dit bonjour. Vous faites le premier pas : il ne relève pas la tête. Au retour,il a la bouche pleine,une demi-barre au chocolat dans la main. Vous ne ferez plus jamais le premier pas.

Dans les transports,les accros du portable font quotidiennement monter la tension entre voyageurs. Au bureau,les sonneries intempestives contribuent au brouhaha de l’open space au même titre que les conversations tonitruantes… Dans son enclave fermée,le manager voit ses mails arriver en continu,tous intitulés « urgent »,l’obligeant à réévaluer en permanence son emploi du temps. Les incivilités qui ont été longtemps la croix des organisations en contact avec le grand public comme la RATP ,la SNCF , la Poste ,la CAF ,l’ ANPE et les banques touchent désormais tous les secteurs ,précise Philippe Douillet,chef de projet prévention des risques psycho-sociaux de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) :  «Les effectifs étant de plus en plus réduits et sous-dimensionnés par rapport à la charge de travail,le temps manque pour échanger,réguler le travail et tenir compte de ses collègues. Chacun fait au plus vite,pressé par ses objectifs et ses clients » .

Montée des incorrections

L’espace de travail explique lui aussi cette montée des incorrections. Outre l’open space,Alexandre des Isnards,consultant en RH et en organisation du travail,déplore la multiplication  «des espaces ouverts,y compris,pour la DRH ou les chefs de service,éliminant les lieux où pouvait se conduire une discussion un peu animée ou relâcher la vapeur. Le dernier espace privé dans l’entreprise,c’est désormais les toilettes !  ». L’instauration de lieux-dits «de convivialité »,serait pire selon l’auteur du ravageur «L’open space m’a tuer » : « La sympathie ne se décrète pas ; en revanche,prendre le temps de se réunir pour débriefer est essentiel : libérer la parole permet d’actionner les soupapes». Philippe Douillet renvoie ainsi la balle au management qui sous-évalue sa responsabilité :  «Devant une multitude de tâches,prendre le temps de trier les priorités avec ses équipes est capital. Or,dans l’urgence permanente,le risque est de laisser l’équipe se débrouiller seule  ».

 La perte d’esprit corporatiste est l’autre tentative d’explication avancée par Alexandre des Isnards,qui l’impute non pas à l’employé mais au manager :  « La volonté de garder ses collaborateurs s’est émoussée . Le postulat est que les jeunes entrants sont des mercenaires voués à partir après avoir renforcé leur expérience pour la valoriser ailleurs. La résultante est le défaut de solidarité dans l’équipe.  »

 Pour autant,aucun de ces deux experts ne préconise de charte de bonne conduite . Selon eux,le seul maître-mot est le temps. Réduire le rythme afin de respirer entre deux clients et deux réunions et réfléchir (peut-être) à ses propres manquements.